Le CAHIER des PASSIONS
M o n    C OE U R
Suite aux opérations sur mon coeur des 26 Avril et 2 Août 2011, je peux maintenant classer cette rubrique (écrite en Avril 2011) dans "souvenirs".
A quelques jours de ma 1ère réelle intervention cardiaque, j’ai eu envie de comprendre et de mettre par écrit ce qui m’arrive et pourquoi pas de vous le faire partager, uniquement si vous le souhaitez.
En conséquence, VOUS me LIREZ ou PAS mais ce que JE TIENS A VOUS DIRE en préambule, et qu’il FAUT RETENIR, pour ne pas FAIRE les mêmes ERREURS que moi :
- Ne sous-estimez pas toute douleur dans la poitrine, voire dans l’estomac.
- Inquiétez-vous devant une fatigue anormale, épuisante et persistante surtout si elle est accompagnée d’essoufflement.
- Mieux vaut consulter rapidement pour rien que pas du tout et bien décrire les symptômes.



Comme il y a bien longtemps que je n'ai pas "sorti" une petite citation, en voici une qui me plaît beaucoup :
Jacques BREL
"Il y en a qui ont le coeur si large qu'on y rentre sans frapper. Il y en a qui ont le coeur si frêle qu'on le brise d'un doigt."




Début Janvier, mon rythme cardiaque est monté jusqu’à 180 battements par minute (au lieu de 70 en moyenne). Je ne pouvais plus respirer et j’avais le thorax serré comme dans un étau. Je subissais d’une part un œdème pulmonaire cardiogénique, d’autre part un œdème généralisé, lié à un mauvais fonctionnement du cœur ou du système circulatoire qui conduit le cœur à « verser » dans les poumons, dans les veines et les artères, du plasma sanguin. Un AVC a été suspecté car j’avais une jambe paralysée mais le scanner et l’IRM n’ont rien détecté. L’usage de ma jambe est revenu progressivement (sans doute de petits caillots sans gravité).
Un souffle au cœur est un bruit supplémentaire et anormal lors de l’auscultation cardiaque. Il témoigne de l’existence de turbulences lors du passage du sang au travers d’une valvule ou d’une cloison intra cardiaque. Certains souffles sont bénins et diverses origines sont constatées.
En ce qui me concerne, celui que j’ai depuis l’enfance et dont j’avais la connaissance, a été dévastateur.
Il est d’origine infectieuse, bactérienne streptococcique dû à des rhumatismes articulaires aigus…
A l’époque, la médecine pensait que cette pathologie était bénigne ; on a donc négligé de me prescrire des antibiotiques et ce souffle, par ses fortes turbulences au fil des années, a très fortement endommagé, 3 de mes valves cardiaques : aortique, mitrale et tricuspide qui sont solides mais d’une finesse extrême.
Après la surprise, le déni, l’idée que j’aurais pu mourir puis la prise de conscience de la maladie, j’ai sombré dans une profonde dépression nerveuse. J’ai dû réaliser que cela allait être un long combat pour « survivre » devant la perte de ma vitalité, la perte de mon indépendance, la fatigue énorme et perpétuelle. La peur tous les soirs, à la tombée de la nuit, à l’idée non pas de mourir, mais de mourir seule est une donnée très longue à assimiler. L’envie d’en finir est présente mais l’instinct de survie est sans doute plus fort que tout. Viennent ensuite l'acceptation, la compréhension, parfois la résignation et puis l'espoir ! (voir nota en bas)
VALVULOPATHIE CARDIAQUE
Du fait que mes valves ont une fermeture insuffisante, elles ne sont plus totalement hermétiques, alors pour simplifier : le sang fuit dans le sens contraire et malgré les traitements par médicaments, mon rythme cardiaque est en permanence entre 130 et 140 battements par minute avec une grande irrégularité (l’équivalent de l’exercice d’un sprint en permanence).
Conséquence : Mon oreillette gauche s'est dilatée et a un volume extrêmement anormal, elle ne répond plus « aux ordres » du circuit électrique donnés à partir de l’oreillette droite. L’oreillette gauche a créé son propre circuit qu’elle « gère » de manière anarchique.
Après 3 mois de traitement par médicaments et après un choc électrique cardiaque, il a été décidé de procéder à une ABLATION de la FIBRILLATION AURICULAIRE : Une sonde est introduite dans le coeur par une veine fémorale. Cette sonde va émettre des fréquences particulières (traitement par radiofréquences). Le principe consiste à détruire par cautérisation (espèces de « brûlures ») des tissus (milliers de petites cellules) à l'intérieur de l’oreillette gauche du cœur pour éviter les ondes anormales et rétablir ainsi un rythme sinusal (intervention minutieuse d'une durée de 5 à 6 heures)
2 à 3 Interventions seront peut-être nécessaires, chacune à 3 mois d'intervalle.
A terme : un remplacement des valves (opération à coeur ouvert !).
La plupart d’entre vous pensent ou ont entendu dire que les opérations touchant au cœur étaient maintenant courantes, voire quasi anodines.
Moi-même, n’étant pas concernée auparavant, j’avais une espèce d’avis de ce genre. Or, depuis plus de 3 mois que je « fréquente » les cardiologues, je constate qu’il n’en est rien même si de nombreux progrès ont été faits. Ces spécialistes, en qui j’ai une énorme confiance, restent perplexes parfois et « avancent » avec prudence envers certains cas.
Chaque personne est un cas particulier et le traitement, lui aussi est particulier et ne se décide pas « en claquant des doigts ».